29/07/2017

Ma guerre

maison garde barrieres  2.JPGJ'étais très jeune pendant la seconde guerre mondiale . Quelques images me reviennent parfois . Celle du passage à niveau de La Chapelle d'Armentières , rue Victor Vigneron. Deux maisons des" Chemins de fer" qui existent encore se situaient de chaque côté des voies . Ce passage à niveau était gardé par ma grand-mère, garde-barrières, mais aussi par des soldats allemands car la ligne ferroviaire Lille-Dunkerque était stratégique.

Pourquoi le souvenir d'un soldat allemand regardant à l'intérieur de la maison alors que , debout sur la table j'étais nu tandis que ma mère faisait ma toilette , me revient elle ? Freud aurait-il pu me l'expliquer ? 

Cette image aussi où la famille , ayant abandonné la maison,  s'était réfugiée au milieu d' un champ voisin pendant un bombardement, peut-être celui du nœud ferroviaire de Lille-Délivrance en mai 1944. Si je n'ai plus le bruit des avions en tête, je n'ai pas oublié l'embrasement du ciel .

Et cette autre image aussi  où derrière la vitre de la maison je voyais des hommes dont l'un avait un pistolet à la main courir derrière un soldat allemand qui s'enfuyait.
Parfois il me revient encore une scène de  la rue où l'on  coupait les cheveux d'une fermière voisine, debout dans un chariot. Elle était sans doute coupable de liens interdits avec l'ennemi. Mais ai-je vraiment vécu cet évènement ou l'ai-je reconstitué  après-guerre pour l'avoir vu dans quelque film ou document ?  

20/07/2017

MORHANGE

massu.jpgJ'ai fait une partie de mon  service militaire à Morhange, dans l'Est de la France .La visite du général Massu m'a marqué. Une gueule de baroudeur ce général chez qui de Gaulle en mai 1958 s'était  réfugié quelques heures au moment où Paris tombait dans la "chienlit".

Sa manière de saluer était pour le moins originale. La main était loin du visage, ouverte, les cinq doigts écartés , un peu comme si chacun représentait une des cinq lettres  bien connues que la décence réprouve. Si un militaire du rang avait osé saluer de la sorte , il  se serait,vite fait, retrouvé au trou. Mais c'était le général!

Dans la cour de la caserne, comme dans toutes les cours de caserne, on marche au pas et parfois en chantant. Je n'ai rien d'un Caruso et pourtant je devais lancer l'un ou l'autre des chants du régiment : ils ont traversé le Rhin ,avec M.de Turenne ou une interprétation militaire des trompettes d'Aîda .

Autre souvenir dont je ne suis pas fier . Cette nuit où j'étais sous officier "de semaine" et qu'avec quelques camarades et peut-être quelques bières , ,nous avons obligé toutes les chambrées à se réveiller pour que chacun se mette au garde à vous au pied de son lit. Stupidité.
Le lendemain, un porte-parole, prêtre dans le civil, est venu me faire prendre conscience, en termes choisis,de mon idiotie. Pas de quoi être fier !